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Instrumentalisation de la loi anti-blasphème au Pakistan

Drapeau du Pakistan / © CC0 Needpix.com

Le 29 juin, Ashan Raja Masih, ouvrier dans une fabrique de briques, a été condamné à mort pour un prétendu « blasphème ». Plus de dix ans après le début de l’affaire Asia Bibi, la cas Masih rappelle que les problèmes posés par l’administration et la justice pakistanaises restent entiers. À l’époque de l’affaire Asia Bibi, le ministre des minorités, le chrétien (catholique) Shahbaz Bhatti avait résolument pris la défense de la jeune femme et l’avait payé de sa vie. Aujourd’hui, le frère de Shahbaz, Paul Bhatti, dénonce toujours la gangrène de l’État par l’islamisme.

Tout est à recommencer, les années passées par Asia Bibi en prison, la mobilisation internationale, puis le fait que la justice avait finalement innocenté la chrétienne… Comme dans nombre d’affaires précédentes, le seul soupçon de blasphème a suffit à enflammer la société pakistanaise. Paul Bhatti, sans même remettre en cause la légitimité de la loi anti-blasphème, dénonce son instrumentalisation inique, pour des raisons de fanatisme, de la colère ou de la jalousie.

Après l’assassinat de son frère, Paul Bhatti a repris son travail en tant que conseiller spécial du Premier ministre de l’époque, Gilani. Avec des collègues musulmans, il a promu une loi pour protéger les chrétiens, qui représentent 1,6 % de la population locale. Il s’est attelé à faire cesser les ravages provoqués par les accusations de blasphème. Les dégâts qu’elles causent viennent moins de la justice pakistanaise que de foules en furies montées contre de supposés « blasphémateurs ». Pour remédier à cette situation, Paul Bhatti affirme que le Pakistan a besoin de forces de sécurité qui accomplissent correctement leur travail, visant par cette remarque leur passivité ou leur complicité. Il demande aussi que ceux qui détournent la loi anti-blasphème à des fins personnelles soient sévèrement sanctionnés, pour éviter les innombrables abus.

Plus fondamentalement, Paul Bhatti pointe un problème qui vient de l’éducation donnée dès leur plus jeune âge aux enfants pakistanais. « Ce climat existe toujours car il est basé sur une idéologie qui vient de l’éducation », dénonce Paul Bhatti. « Plus de la moitié des gens sont illettrés, et certains les utilisent comme des outils. » Selon lui, le gouvernement pakistanais devrait interdire à quiconque de tuer au nom de sa religion.

Il rappelle qu’en plus de son amour pour sa patrie, son frère Shahbaz avait une foi profonde. Dans son testament spirituel il écrivait qu’il s’estimerait chanceux si Jésus acceptait le sacrifice de sa vie. Beaucoup espèrent le voir béatifié en raison de son assassinat in odium fidei, mais le processus, lancé par l’archidiocèse d’Islamabad, prend du temps.

(Source : Asianews 08/07/2024)

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