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Les églises prises pour cibles en Nouvelle Calédonie

Saint-Louis au Mont-Dore, Nouvelle Calédonie / © Torbenbrinker, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Plusieurs églises ont été incendiées par des indépendantistes kanaks depuis le 10 juillet 2024. Parmi elles, Saint-Louis au Mont-Dore, dont les murs blancs et les toits rouges dominaient l’agglomération de Nouméa, est symbolique à plus d’un titre. Elle avait été bâtie en 1860 et la Mission catholique qui lui était associée avait participé à l’évangélisation du peuple kanak. « Symboliquement, c’est grave, car la Mission de Saint-Louis est le début du développement de la Mission catholique », proteste Mgr Ghislain de Rasilly, l’évêque émérite de Wallis-et-Futuna.

La situation a dégénéré à partir de la mort, le 10 juillet, de Rock Victorin Wamytan. Cet indépendantiste kanak a été tué par un gendarme. Le procureur de la République a assuré qu’il s’agissait d’un tir de riposte, effectué par le gendarme alors que son adversaire avait ouvert le feu avec une arme de guerre. Le Monde rapporte que Rock Victorin Wamytan dit « banane » avait plusieurs vols de véhicules à main armé à son passif. De plus, le 7 juillet, il aurait chassé les sœurs des Petites Filles de Marie, pris possession du presbytère en l'absence du prêtre, et tiré sur les gendarmes depuis le premier étage, accompagné d’une dizaine d’individus.

Le fait que cet homme et ses acolytes s’en soient pris à une institution religieuse est une nouveauté, assure Eric Descheemaeker, professeur à l'Université de Melbourne (Australie) : « Jamais dans l’histoire de l’indépendantisme kanak (…) une quelconque haine anticatholique [n’avait été] mise en avant. » Le professeur rappelle que l’une des plus grandes figures de de l’indépendantisme kanak, Jean-Marie Tjibaou, était d’ailleurs un prêtre catholique, réduit sur sa demande à l’état laïc afin de poursuivre son engagement politique. Par ailleurs, l’Église a historiquement soutenu la population kanake, notamment grâce à l’éducation scolaire. L’école républicaine ayant été longtemps réservée aux européens, ce sont les écoles catholiques qui ont pris en charge la population autochtone.

Par ailleurs, s’agissant du combat indépendantiste, il parait contre-productif de s’en prendre aux Églises d’Océanie qui ont plutôt été des relais d’influence efficaces pour la cause décoloniale. Dans une perspective plus large, les indépendantistes qui voudraient rallier les communautés polynésiennes à leur cause devraient savoir que beaucoup d’entre-elles se distinguent par une foi catholique solide, qui fait partie intégrante de leur identité.

Eric Descheemaeker voit dans ces actes contre-productifs une « influence étrangère » évidente. « On n’invente pas des éléments de discours aussi nouveaux, et aussi radicalement absurdes eu égard à sa propre histoire, en quelques jours », assure-t-il. Il rappelle qu’une délégation calédonienne a fait le déplacement jusqu’à Bakou, en Azerbaïdjan, pour constituer un « Front international de libération des colonies françaises ». Auprès des Azerbaïdjanais, qui soutiennent les indépendantistes les plus extrémistes, la délégation a probablement été incitée à reprendre le discours qui assimile évangélisation et colonisation, conclut le professeur.

(Sources : Revue Conflits 20/7/2024 et Vatican News 16/7/2024)

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