Léon XIV, pape du Nouveau Monde

Basilique Saint-Pierre, Vatican, le 8 mai 2025, le pape Léon XIV salue les fidèles. / © Reuters, Francesco Sforza.

Élu à 18 h 08 le 8 mai 2025, jour du 80ème anniversaire de l’armistice de la Seconde Guerre mondiale, « le très éminent et révérend seigneur, Monseigneur Robert Francis, cardinal de la Sainte Église Romaine, Prevost, (…) s’est donné le nom de Léon XIV » a annoncé, dans la formule latine traditionnelle, le cardinal protodiacre Dominique Mamberti, depuis la loggia centrale de la Basilique Saint-Pierre. Puis les fidèles en liesse ont vu apparaître un prélat encore jeune (69 ans), en habits liturgiques traditionnels (comme Benoît XVI et Jean-Paul II et non déjà en blanc, comme son prédécesseur le pape François). Mince, contenant son émotion, le visage grave mais serein, le 267e pape s’est adressé aux fidèles d’une voix assurée en rappelant le courage de son prédécesseur, le pape François, qui avait trouvé la force de bénir les fidèles le dimanche de Pâques avant de s’éteindre le lendemain. Comme l’avait fait encore François en dernier acte de son pontificat, Léon XIV a commencé le sien en délivrant un message de paix et d’espérance à l’Église et au monde entier : « Le mal ne l’emportera pas ! »

L’Église, le nouveau pape en connaît le cœur institutionnel puisqu’il fut nommé en avril 2023 préfet de la congrégation des évêques par le pape François puis créé cardinal en septembre de la même année. Il en connaît aussi les « périphéries » : avant de venir à Rome en tant que prieur général de l’ordre de saint Augustin (2001-2013), ce religieux a longtemps été missionnaire et évêque dans les contreforts des Andes au Pérou (sa devise épiscopale, « In Illo uno unum », s’inspire d’un sermon de Saint Augustin : « Bien que nous, chrétiens, soyons nombreux, dans l'unique Christ, nous sommes un. »)

Léon, le nom qu’il a choisi comme successeur de saint Pierre, renvoie bien sûr à Léon XIII, le pape de la grande encyclique sociale Rerum Novarum, dont le long pontificat (1878 à 1903) introduisit l’Église dans le XXème siècle. Mais on peut aussi évoquer saint Léon le Grand (pape de 440 à 461), remarquable théologien et courageux chef de l’Église qui négocia la survie de Rome en 452 avec le Hun Attila, puis en 455 avec le Vandale Genséric.

Léon XIV a du monde une expérience familiale avant d’être pastorale : Américain né à Chicago, il est issu d’une famille typique du « Nouveau Monde », son père étant d’origine franco-italienne et sa mère d’origine espagnole. Il est polyglotte (américain, italien, espagnol, portugais, français… il lit l’allemand et, bien sûr, le latin), atout précieux sinon indispensable pour un pape du XXIème siècle. Sa formation intellectuelle ne dépare pas son expérience pastorale : Robert Francis Prevost a étudié les mathématiques et la philosophie à l’université Villanova (près de Philadelphie), puis la théologie à la Catholic Theological Union de Chicago, et enfin le droit canonique à l’Angelicum à Rome (doctorat en 1986).

Le cardinal Prevost fut un artisan de paix et de dialogue au sein de la Curie secouée par le pape François. Science, expérience, prudence, autant de qualités qui lui sont reconnues, la plus importante étant son amour du Christ et de l’Église. Sa priorité ? Elle est sans doute dans cette réponse qu’il fit en 2023 lors d’un entretien à Vatican News : « Nous sommes souvent préoccupés par l’enseignement de la doctrine, la manière de vivre notre foi, mais nous risquons d’oublier que notre première mission est d’enseigner ce que signifie connaître Jésus-Christ et de témoigner de notre proximité avec le Seigneur. La première chose à faire est de communiquer la beauté de la foi, la beauté et la joie de connaître Jésus. »

(Sources : Vatican News, La Croix, Le Figaro 08/05/2025.)