Actualité en bref

En Mauritanie, une petite Église face au drame des migrants

Les musulmans représentent la quasi-totalité de la population de Mauritanie, près de 99 %. Pourtant, la petite Église catholique joue un rôle social de toute première importance dans ce pays régi par la géographie du Sahara et la culture nomade.

Depuis des dizaines d’années, les quelque 4 millions d’habitants de ce vaste territoire voient passer des nomades d’un genre nouveau, des migrants. Partis du Nigeria, du Golfe de Guinée ou même du lointain Congo, ils espèrent rejoindre l’Europe à travers la périlleuse route de l’Atlantique. La plupart d’entre eux découvrent avec effroi les dangers et les difficultés du voyage et se retrouvent sans ressource, à mi-parcours. « Chaque mois, des cadavres sont retrouvés sur les plages : des personnes qui cherchent à rejoindre Las Palmas, dans les îles Canaries, pour arriver en Europe », témoigne Franck Paulin responsable local pour l’Aide à l’Église en Détresse. Il souligne l’importance de l’Église mauritanienne, qui elle-même essentiellement composée d’étrangers, se montre attentive au sort de ces malheureux. Elle a mis en place un centre nommé « Accueil-Écoute » qui prend en charge ceux qui n’ont plus personne vers qui se tourner. « Il s’agit d’un havre où tous sont accueillis au nom du Christ par des gestes d’humanité et de charité dans un contexte de misère systémique. Le Centre s’efforce également de donner les moyens aux migrants de retourner un jour dans leur pays, la tête haute », témoigne Franck Paulin.

Ce Centre, géré par Sœur Marie Ange Ndayishimiye propose un soutien adapté aux besoins de chacun : colis alimentaires, aide médicale, paiement ponctuel de loyers, orientation professionnelle ou encore accompagnement dans les démarches administratives. Parmi les nombreuses personnes qui ont reçu de l’aide, la religieuse cite le cas d’une fille de onze ans, Pauline qu’elle a recueillie alors que la fillette était atteinte de tuberculose pulmonaire. Elle a été sauvée par l’aide médicale reçue au Centre et est retournée à l’école. Outre l’aide d’urgence, le centre propose également des actions de plus long terme : alphabétisation des femmes, distribution de lait pour les enfants, ou encore accompagnement des familles en cas de deuil. Plusieurs projets permettent également de soutenir la réintégration de personnes rapatriées, à travers des aides pour lancer une activité économique.

Cette activité sociale cruciale en plein Sahara est rendue possible par la paix qui règne en Mauritanie et la bonne volonté de son gouvernement à l’égard de la minorité chrétienne. Conscient de la menace que font peser sur tous les pays du Sahel les terroristes djihadistes, le gouvernement a pris des mesures drastiques pour les empêcher de nuire. Il combat les groupes armés qui tentent de s’implanter et mène des campagnes d’informations auprès des responsables religieux locaux. C’est en partie grâce à cette politique active que la minuscule Église locale peut vivre et agir en relative sécurité.

(Aide à l’Église en Détresse 28/05/2025)