Burkina Faso : afflux de vocations dans un pays en ruine
Près de la moitié des étudiants du Grand Séminaire Saint Pierre-Saint Paul de Kossoghin à Ouagadougou n’ont pas pu rentrer chez eux pour les fêtes de Noël. Le recteur de l’établissement, l’abbé Guy Moukassa Sanon, explique que leurs familles vivent dans la « zone rouge ». Un vaste territoire touché par le terrorisme, dans lequel il est devenu presque impossible de se déplacer. De plus, les prêtres, séminaristes et catéchistes savent qu’ils représentent des prises de choix pour les terroristes. Malgré cette terrible réalité, le nombre de séminaristes est passé de 254 en 2019/2020 – l’année où la terreur a commencé à affecter l'Église au Burkina Faso – à 281 pour l’année 2024/2025.
Par le passé, certains séminaristes bravaient les risques pour rejoindre leurs familles, mais cela a eu des conséquences tragiques. Ainsi, Marius, un jeune homme étudiant en troisième année de philosophie au Grand Séminaire Saint Pierre-Saint Paul, a-t-il été enlevé en 2022. Son corps n’a jamais été retrouvé. D’autres se sont échappés de justesse. L’un d’entre eux a été surpris dans la maison de sa famille par un groupe de terroristes qui voulaient l’enlever, ainsi que son père catéchiste. Il est parvenu à s’enfuir à travers les champs et à la faveur de la nuit.
Bien qu’ils sachent que leur engagement en fasse des cibles de choix, les candidats continuent à affluer au séminaire. L’abbé Sanon assure que cela s’explique par la pastorale des vocations et par des rencontres décisives de personnes « qui témoignent de l’amour du Christ de façon évidente ».
Malgré des moyens réduits à cause de la crise que traverse le pays, le diocèse met l’accent sur la formation des prêtres. Les cours insistent sur la cohabitation entre chrétiens et musulmans, une exigence devenue cruciale au Burkina Faso. « Avant l’émergence du terrorisme, la cohabitation entre musulmans et chrétiens ne posait aucun problème, même au sein de nos familles souvent composées de croyants de plusieurs religions », regrette l’abbé Sanon. Bien qu’il soit actuellement gangréné par l’islamisme, le pays a une tradition d’entente entre les communautés. Le prêtre souligne que beaucoup de ses séminaristes ont des pères musulmans. Quoique généralement réticents devant la vocation de leur enfant, ils finissent généralement par l’accepter.
Le prêtre craint que la cohésion sociale qui faisait la force des Burkinabés ne finisse par disparaître. « Il est (…) crucial de former les futurs prêtres à promouvoir la communion, car l’Église, au service de la société, doit œuvrer pour l’unité », conclut-il.
(Source : Aide à l’Église en Détresse 21/01/2025)
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