RDC Congo : « Transformer les kalachnikovs en arrosoirs »

Depuis la région martyrisée du Kivu, à l’Est de la République démocratique du Congo, le père Floribert Bashimbé, vicaire de Bukavu, lance ce message dramatique : « Il n’y a plus d’autorité, les miliciens du M23 ont vidé les prisons. En guise de rendre justice, ils ratonnent des jeunes au hasard. Nous pouvons mourir à tout moment. »
Le prêtre témoigne de sa dernière expérience : un jeune milicien qui voulait l’abattre à un barrage routier a été retenu in extremis par son supérieur qui avait reconnu que Floribert Bashimbé portait une croix. « Il lui a dit de ne pas tirer car je suis un prêtre. Autrement, je ne serais plus là. » Pour le moment, les autorités présidées par la milice M23, soutenue par le Rwanda, respectent l’Église, qui est la seule institution encore à peu près en état de fonctionner dans les régions du nord et du sud Kivu.
Ces régions occupées par des milices rivales vivent en très grande précarité. La circulation, déjà difficile avant la guerre, devient pratiquement impossible. Pour les pauvres, la disette se mue en famine. Pourtant, rappelle le père Floribert, cette situation n’est pas vraiment nouvelle, elle n’est qu’une aggravation dramatique d’un état de guerre latent qui a débuté en 1995 au Congo : « J’ai passé l’essentiel de mes trente ans de sacerdoce en temps de guerre », constate-t-il. Pourtant, cette situation n’a rien d’une fatalité. Toute la région des grands lacs pourrait -devrait- être au contraire un pôle de prospérité africaine.
Pour expliquer le drame de cette région et tâcher d’y remédier, le prêtre cite la lettre ouverte rédigée par la Société civile du Sud Kivu, à laquelle le diocèse participe. Elle situe le problème dans sa profondeur historique et désigne les coupables sans détour. Non seulement Paul Kagamé, le président rwandais, qui porte une responsabilité écrasante dans la situation actuelle en pillant le Kivu, mais plus largement les Congolais eux-mêmes : « Depuis le règne de Mobutu (1965-1997) jusqu’ aujourd’hui, la classe politique congolaise s’est montrée très peu patriote, égoïste, cupide, irrationnelle et superficielle. »
Un exemple de l’inefficacité des politiques : l’affaire du contrat minier signé entre la RDC et la Chine en 2007. À l’époque, on parlait de la fin du colonialisme, d’un contrat équilibré entre deux nations indépendantes. Le minerai partirait en Chine, mais les Congolais verraient surgir des chemins de fer, des routes, des centrales hydro-électriques, des hôpitaux et des écoles. Presque 20 ans après, force est de constater que si du minerai a effectivement été embarqué vers la Chine, rien d’autre n’a changé sur les bords du lac Kivu. La richesse du sous-sol n’a, de toute évidence, profité qu’à une poignée de politiciens corrompus... et aux Chinois.
Pourtant, il existe des solutions accessibles pour sortir la région du marasme, plaident les doyens de la Société civile du Sud-Kivu dans cette lettre ouverte. Commencer par répondre à l’urgence en ouvrant un corridor humanitaire. Ensuite, profiter du partenariat stratégique envisagé avec les États-Unis par le président congolais Félix Tshisekedi. Pour l’heure, il s’élabore dans une « opacité inquiétante », et fait craindre qu’il ne connaisse le destin des pseudos-partenariat du passé, à savoir faire la fortune de marchands étrangers et d’une poignée de politiciens. Un partenariat ouvert, même très défavorable commercialement au Congo, serait une aubaine pour peu qu’une partie des revenus générés revienne à la population.
Enfin, les auteurs de cette lettre ouverte rappellent que si l’histoire des Bashi - l’ethnie majoritaire à Bukavu - et des voisins Rwandais est parsemée de conflits sanglants, il n’est dans l’intérêt ni des uns ni des autres de s’opposer perpétuellement. Les Congolais ne peuvent pas battre les milices rwandaises et les Rwandais ne peuvent pas subjuguer une population rétive à la domination étrangère et dix fois supérieure en nombre. Ils concluent : « Il est temps de canaliser positivement l’énergie auto-destructrice de la région, de transformer les chars de combat en tracteurs, de transformer les kalachnikovs en arrosoirs pour plantes. »
(Sources : Correspondance particulière et Société civile du Sud-Kivu 21/05/2025)
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