Le spectre de l’anarchie en Syrie

Plusieurs notables chrétiens syriens s’inquiètent du cours des évènements dans leur pays. Parmi eux, le docteur Nabil Antaki décrit depuis Alep une profusion de libertés et une brusque impression de soulagement après la fuite de Bachar Al-Assad.
L’une des premières mesures, l’annulation du service militaire, a fait espérer un retour des forces vives du pays. En effet, une grande partie de la jeunesse – et en particulier les chrétiens syriens – fuyaient le pays pour échapper à ce service qui pouvait durer jusqu’à 9 ans. La suppression de la myriade d’agences de renseignement qui surveillaient la population a elle aussi été accueillie avec soulagement. La population pouvait enfin parler librement: « Les Syriens se défoulent en public et sur les réseaux sociaux après une privation de plus de 60 ans », décrit le médecin.
Mais après cette phase quasi euphorique, les observateurs qui connaissent le pays depuis longtemps – comme le Dr Antaki – ont craint une anarchie sanglante. La Constitution a été abolie, le Parlement, l’armée et la police ont été dissous. L’administration est à l’arrêt et plus de 300 000 fonctionnaires ont été licenciés du jour au lendemain.
Pour le moment, le gouvernement évoque une période de transition et prévoit d’organiser des élections démocratiques, mais ce ne sera pas possible avant plusieurs années. Les Syriens peuvent légitimement craindre que le pays ne se remette pas de cette période chaotique. Il est d’ores et déjà divisé, avec une région dominée par les Kurdes au nord-est, l’influence turque au nord-ouest et le bastion druze des montagnes occidentales. De plus, Israël a profité de la situation pour bombarder et détruire les aéroports militaires et les dépôts d’armes de l’armée syrienne, en plus d’occuper une partie du territoire frontalier.
C’est dans ce contexte qu’a éclaté, début mars 2025, l’épouvantable massacre des Alaouites, minoritaires, considérés comme des partisans de l’Ancien régime. A-t-il été autorisé par le gouvernement en place ou bien celui-ci s’est-il montré incapable de l’empêcher ? Les deux termes de l’alternative n’ont rien de réconfortant pour les chrétiens, eux aussi minoritaires et qui pourraient faire l’objet d’actions punitives de ce genre. Déjà, certains témoignent que des miliciens appartenant à des groupes armés scandent des slogans antichrétiens et les traitent de « kafirs » (infidèles).
Sœur Georgina Habach, religieuse du Bon Pasteur à Homs, implore : « Ne nous oubliez pas dans vos prières. Et en particulier, n’oubliez pas les mères syriennes, elles portent un poids terrible sur les épaules. » La religieuse tient un accueil pour celles d’entre elles qui ont besoin d’aide et d’être écoutées, et ne cache pas son admiration pour ces femmes qui s’épuisent à maintenir leurs familles en place, malgré la misère et les difficultés qu’elles rencontrent pour éduquer leurs enfants. Beaucoup n’ont plus de mari, d’autres ont un mari malade, blessé de guerre ou simplement désespéré. « Elles viennent chez nous pour discuter, pour pleurer et demander de quoi vivre ou travailler sans prendre des chemins incorrects », témoigne Sœur Georgina.
(Sources : Lettre d’Alep n°50 14/04/2025 et Aide à l’Église en Détresse 17/04/2025)
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