Un martyr de l’honnêteté au Congo

Dimanche 15 juin dans la basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs à Rome, Floribert Bwana Chui (1981-2007) a été proclamé bienheureux, annonce qui a soulevé de grandes manifestations de joie dans l’assistance. On a en particulier entendu les milolos, les acclamations de joies traditionnelles congolaises, agiter l’assemblée venue assister à la béatification de ce jeune homme. Il fut enlevé le 7 juillet 2007, puis assassiné en raison de sa fidélité au message de l’Évangile.
Fonctionnaire, Floribert Bwana Chui a refusé de participer à la corruption qui gangrène son pays. Alors qu’il travaillait au sein de l’Office Congolais de Contrôle (OCC), il s’est vu proposer à plusieurs reprises des pots de vin pour laisser passer des denrées avariées provenant du Rwanda et à destination de ses concitoyens. Dans le cadre de ses fonctions, il a fait détruire ces lots et a dénoncé ouvertement ces tentatives de corruption. Les menaces de mort ne l’ont pas détourné de sa conduite. Dans la nuit du 7 au 8 juillet 2007, il a été enlevé à Goma, torturé par ses geôliers puis assassiné.
Goma, la capitale de la région congolaise du Nord Kivu, constitue une zone de guerre depuis 1995. L’autorité de l’État congolais y est contestée et minée par la corruption. Les fonctionnaires, souvent mal payés et soumis à la pression des milices locales, se sentent souvent abandonnés par leur hiérarchie. Un grand nombre d’entre eux acceptent des arrangements malhonnêtes avec des trafiquants en tous genres, et participent aux malheurs apparemment sans fin qui frappent la région. Le témoignage offert par Floribert Bwana Chui apporte par conséquent une lumière d’espérance dans une région qui en a terriblement besoin. En 2023, le pape François le donnait en exemple aux jeunes qui ne veulent pas se laisser « engloutir par le marécage du mal ».
Floribert a résisté aux tentations et à la pression grâce à sa foi, selon le témoignage unanime de ses proches et de ses collègues. Il leur a déclaré à plusieurs reprises, après des tentatives de corruption : « Est-ce que je vis pour le Christ ou pas ? Voilà pourquoi je ne peux accepter. Mieux vaut mourir que d'accepter cet argent. »
Catéchiste dès son plus jeune âge, il avait rejoint la communauté de Sant'Egidio en tant que membre engagé. Il portait en particulier assistance aux enfants des rues, très nombreux à Goma.
Le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les causes des saints, qui a présidé la messe de béatification, a assuré : « Ce jeune s’est totalement donné, en s’ouvrant à cet amour dans lequel il s’est laissé façonner en profondeur, au point d'en faire la boussole qui guidait ses choix. » Les témoignages recueillis auprès de sa famille attestent de la vie de foi constante du nouveau béatifié. La bible de Floribert Bwana Chui porte les traces d'une lecture assidue. Elle est désormais conservée dans le sanctuaire-mémorial des Nouveaux Martyrs, dans la basilique de San Bartolomeo all'Isola (Saint-Barthélemy-en-l'Île) à Rome.
(Source : Vatican News, 15/06/2025)
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