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Les chrétiens dans les limbes en Syrie

Drapeau de la Syrie / © CC0 Progiciel

Un mois après la chute du régime de Bachar al-Assad, les vols commerciaux reprennent à Damas et les sanctions internationales qui pesaient sur le pays sont levées provisoirement pour une durée de 6 mois. Ce sont d’excellentes nouvelles pour les Syriens qui voient une série d’améliorations de leur quotidien après 14 ans de pénuries et de conflits.

Un correspondant syrien de l’Aide à l’Église en Détresse témoigne : « D’une façon très parcellaire, les Syriens recommencent à avoir accès à du gaz, du fioul. On voit à nouveau des pains sur les marchés… Mais ce sont des signes timides, et nous attendons de connaître les véritables intentions des nouveaux maîtres du pays. »

Pour les membres des minorités religieuses, chrétiens, alaouites et druzes en particulier, le profil des actuels vainqueurs n’a en effet rien de rassurant. Le HTS, la coalition de rebelles qui s’est emparée de Damas, rassemble des éléments de divers groupes djihadistes, y compris une grande proportion de membres de l’ancienne al-Nosra. Cette organisation était particulièrement redoutée des chrétiens durant la guerre civile, ses membres s’étant adonnés à des exactions à leur encontre.

Le nouveau chef de l’État syrien, Ahmed al-Charaa – Abu Mohamed Jolani de son nom de guerre – a donné une interview à la chaîne arabophone al-Jazeera dans laquelle il cherchait à apaiser les craintes. Lui qui, quelques jours plus tôt, à la mosquée des Omeyyades à Damas, proclamait la « victoire de la nation islamique », se pose dans cet entretien en dirigeant modéré, ne cherchant pas à s’aligner sur l’un des blocs en présence au Moyen-Orient. Bien que l’alliance avec la Turquie ait été évoquée, il a surtout présenté l’Arabie Saoudite comme modèle. Il n’a pas caché sa défiance envers l’Iran, qui a activement soutenu l’ancien régime, mais a dans le même temps adressé un message d’apaisement à l’égard de l’autre pays ami du régime baasiste, la Russie. L’un des points capitaux de son interview concerne les sanctions économiques qui ont épuisé les Syriens et qu’il espère voir disparaître sous l’administration Trump. Il annonce qu’une nouvelle Constitution sera écrite dans les 3 ans à venir et qu’il faudra attendre 4 ans pour l’organisation d’élections démocratiques.

Dans la même logique d’apaisement, Ahmed al-Charaa a reçu une délégation de représentants de chrétiens, et les a assurés de ses bonnes intentions. Mais trois patriarches orthodoxes du Siège d’Antioche ne se sont pas rendus à la réunion, alors que leurs communautés représentent la majorité des chrétiens syriens. Le père Rami Elias, qui a participé à la rencontre, a commenté ainsi l’attitude d’Ahmed al-Charaa : « Il est ambiguë, nous ne pouvons pas discerner ses vraies intentions (…) Nous n’avons aucune garantie et demeurons dans les limbes. »

(Sources : Les Clés du Moyen Orient 02/01/2025 ; Christian Today 06/01/2025)

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