En Birmanie, 4 ans de guerre en plus et en trop !
Le 1er février 2025 marque le triste 4e anniversaire du coup d’État organisé par la junte militaire birmane. Après une période d’ouverture démocratique entamée en 2010, le pays avait connu le 1er février 2021 un brutal retour en arrière. Comme durant toute la deuxième moitié du XXe siècle, la Birmanie (à présent nommée Myanmar) a été ravagée par des combats entre des groupes ethniques minoritaires et les forces de la junte. Dans ce contexte traumatisant, les chrétiens comptent sur la solidarité de l’Église universelle.
Ces chrétiens, en majorité baptistes, composent environ 7 % de la population du pays (dont 1 % de catholiques). Ils sont essentiellement membres de minorités ethniques (kachin, chin, karen et shan) soupçonnées d’être hostiles au gouvernement. Ils sont donc dans le collimateur du régime militaire. Non seulement leurs lieux de cultes ne sont pas épargnés, mais ceux-ci deviennent parfois des champs de bataille. Près de deux cents d’entre eux auraient été rasés depuis le début du conflit. Outre les destructions qui adviennent lors des combats, des églises sont volontairement visées, car elles sont considérées comme des pôles de résistance par l’armée, assure le pasteur David Eubank, fondateur des Free Burma Rangers. Avec cette organisation humanitaire, il dénonce les agissements de la junte depuis plus de 25 ans. « L’armée birmane a détruit des églises, des écoles et des monastères durant ces trois dernières années, tuant des milliers de civils. Elle agit à dessein, afin d’éliminer la résistance et de détruire l’espoir. Les militaires veulent anéantir tout ce qui pourrait apporter la moindre aide à ceux qui s’opposent à eux », constate-t-il.
Des personnalités qui se sont prononcées contre la junte sont exécutées, emprisonnées ou parviennent à s’exiler. Parmi elles, la chanteuse et opposante Phyu Phyu Kyaw Thein, exilée en France. Étoile montante de la scène birmane, elle a appris le chant sur les bancs de l’église de son quartier de Rangoon. Elle a dû fuir après que l’une de ses chansons, Tears, qui dénonçait la junte, eut emporté un immense succès national. « Les avions de l’armée birmane bombardent chaque jour. Leur infanterie perd du terrain partout et ils se vengent en massacrant la population civile depuis les airs », dénonce-t-elle.
Phyu Phyu Kyaw Thein demande que le conflit qui ravage son pays ne soit pas oublié et que les chrétiens prient ensemble pour le retour de la paix. Cette paix n’est plus aussi inaccessible qu’il y paraissait lors des anniversaires précédents. En effet, l’armée de la junte est en difficulté sur tous les fronts, et a perdu le contrôle de la majorité de ses frontières internationales. Elle pourrait ne plus avoir les moyens de tenir le pays par la force comme elle l’a fait pendant des décennies, durant l’essentiel de l’histoire tourmentée de la Birmanie contemporaine.
(Sources : Aide à l’Église en Détresse 27/1/2025 ; Bitter Winter 8/1/2025)
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