De nouvelles accusations accablantes concernant l'Abbé Pierre
Six mois après la révélation d’abus sexuels commis par l’abbé Pierre (1912-2007), fondateur de l’association de lutte contre la pauvreté Emmaüs, celle-ci a mis en place une Commission d’enquête historique. Elle a examiné les accusations d’agressions sexuelles sur des femmes, des enfants et des personnes en situation de précarité pendant une période allant des années 1960 aux années 2000. Au total, selon le cabinet spécialisé Egaé qui a mené l’enquête, 33 témoignages visant l’abbé Pierre ont été enregistrés. Parmi les dernières accusations révélées, un viol sur mineur et des « abus incestueux ». Le prêtre est désormais qualifié de « prédateur » par Emmaüs.
Dans un communiqué publié le 13 janvier, la Conférence des évêques de France (CEF) déclare que « l’accumulation des faits désormais connus perpétrés par ce prêtre, qui fut tant admiré, horrifie. » La CEF fait part de « sa peine immense » pour « toutes les personnes victimes qu’a laissées derrière lui l’abbé Pierre. Réaliser qu’il a utilisé son aura médiatique et l’œuvre sociale qu’il avait édifiée – suscitant, dans sa suite, l’engagement de tant de Français au service des plus pauvres – pour abuser sexuellement de femmes, d’enfants, et de personnes en situation de précarité, est effroyable. À tous, la Conférence des évêques exprime sa proximité. »
Devant l’ampleur et la gravité des actes dénoncés, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France (CEF), appelle la Justice à ouvrir une enquête. Il a annoncé avoir effectué un signalement au procureur de la République pour non-dénonciation de viols et agressions sexuelles sur personnes vulnérables et mineurs. Dans un communiqué publié le 17 janvier, le président de la CEF déclare que « seule la Justice dispose des moyens d’investigation nécessaires pour permettre que toute la vérité possible soit faite sur les silences et non-dénonciations dont aurait pu bénéficier l’abbé Pierre». En plus des 33 témoignages visant l’abbé Pierre, et des 57 victimes potentielles identifiées, « il y en a d'autres [cas] qui sont présumés, non encore complètement vérifiés », a affirmé Mgr Éric de Moulins-Beaufort dans une interview à RMC le 16 janvier.
Selon Mgr Éric de Moulins-Beaufort, l’ouverture des archives de l'Église en septembre 2024 et la mise en place de la commission d’enquête historique par Emmaüs ne suffiront pas à établir toute la vérité sur les agressions sexuelles attribuées à l’abbé Pierre et sur les éventuelles complaisances qui lui auraient permis de les commettre. Le signalement, pour « non-dénonciation de viols et agressions sexuelles sur personnes vulnérables et mineurs », vise ceux qui se sont tus. C’est à présent au parquet de Paris d’apprécier l’opportunité d’ouvrir une telle enquête.
(Sources : CEF 13 et 17 janvier ; Vatican News 17 janvier ; Le Figaro 17 janvier)
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