Actualité en bref 

Nouveau massacre djihadiste au Burkina Faso

TUBS, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Le 24 août, le village de Barsalogho, au Burkina Faso, a été la cible d’une attaque terroriste au cours de laquelle plus de 150 personnes ont été tuées. Le lendemain, un grand groupe d’insurgés a encerclé c même village, rassemblé la population et ligoté tous les hommes de plus de 12 ans – chrétiens, adeptes du culte traditionnel et ceux qu’ils considéraient comme opposés à l’idéologie djihadiste – avant de les emmener dans l’église évangélique voisine. Là, ils ont égorgé 26 d’entre eux.

« Depuis quelques mois, il n’y avait plus eu d’attaque d’envergure dans notre région », témoigne le père Bertin Namboho, du diocèse de Nouna, auprès de l’Aide à l’Église en Détresse. La population espérait que sa situation allait enfin s’améliorer, mais elle est rattrapée par l’expansion du chaos qui frappe toute la région. Nouna se trouve à l’extrême Ouest du Burkina, à la frontière avec le Mali, autrement dit en plein dans ce Sahel où sévissent les djihadistes. Le père Bertin Namboho a assisté, en première ligne, aux méthodes de ces malfaiteurs pour mener la « guerre sainte » contre les « mécréants ».

« Ils coupent les routes, puis l’alimentation électrique et l’eau. Ils isolent les populations et leur rendent la vie impossible. Ils leurs disent qu’ils doivent partir et ne plus jamais revenir », détaille le prêtre. Il ajoute divers cas de destructions, en particulier d’écoles et de champs cultivés, afin d’empêcher le retour à la vie normale. Le vandalisme de ces malfaiteurs vise un but précis, à savoir transformer la population de la région, la purger de tous les éléments non musulmans. Dans cette zone frontalière, les populations de diverses religions coexistaient dans une relative harmonie, ce qui apparaît insupportable à ces fanatiques. Le père Bertin précise d’ailleurs qu’il faut faire la différence entre les musulmans djihadistes qui agressent les chrétiens et ceux qui sont des voisins, voire des membres de la famille.

Au Burkina Faso, environ 65 % de la population est musulmane, 25 % chrétienne et les 10 % restant appartiennent aux religions traditionnelles. Dans l’Ouest et le Nord, les communautés vivent entremêlées et la plupart des familles comptent des membres de diverses religions. « 100 % des prêtres, dans nos régions, ont des amis, des frères ou des oncles musulmans », assure le père Bertin Namboho. Chez lui, la coutume veut que les musulmans souhaitent un joyeux Noël aux chrétiens et qu’ils viennent les visiter. Les chrétiens leur rendent la pareille pour le Ramadan. Ces habitudes sont activement combattues par les djihadistes, qui veulent faire disparaître toute trace d’un autre culte que le leur dans la région.

Pourtant, le père Bertin Namboho n’abandonne pas son diocèse, au risque d’y être la proie des terroristes. Ils l’ont déjà arrêté à trois reprises. « J’ai eu peur à chaque fois. Je pensais à mes frères prêtres qui ont été exécutés au Burkina Faso », se souvient-il. Finalement relâché, il poursuit son sacerdoce, car il sait que les paroissiens ont grand besoin de soutien. En choisissant de leur rester fidèle, il leur donne littéralement sa vie : « En se levant le matin, on ne sait pas si la fin de la journée va nous trouver là, où si l’on ne sera plus sur Terre », conclut-il.

(Source : Aide à l’Église en Détresse 02/09/2024)

Retour à l'accueil