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Mexique. « Protégez nos prêtres ! »

© John Paul Sonnen, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons. © John Paul Sonnen, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

Le dimanche 20 octobre, à San Cristóbal de Las Casa, le père Marcelo Pérez a été tué par balles, peu après avoir dit la messe. Ses paroissiens, assistés de l’association Christian Solidarity Worldwide (CSW), dénoncent l’attentisme des autorités et exigent que les prêtres soient mieux protégés par les forces de l’ordre. En effet, tout le monde savait que la vie du célèbre padre était en danger. L’association Acat, en France, avertissait au début du mois d’octobre qu’il dérangeait et qu’aucune mesure sérieuse n’avait été prise par le gouvernement pour le protéger.

Le père Marcelo Pérez exerçait dans l’État du Chiapas, à l’extrême sud du Mexique. Il prenait la défense des peuples autochtones contre la montée en puissance des narcotrafiquants qui tentent de mettre la région en coupe réglée. Confronté à cette situation, le prêtre se posait en médiateur pour résoudre les conflits liés à la corruption et à la drogue. Il parlait d’égal à égal avec les hauts fonctionnaires mexicains et les dirigeants de cartels mexicains. En agissant de la sorte, il pouvait désamorcer une partie des conflits, mais il prenait en même temps le risque de se faire des ennemis dans tous les camps.

Il avait subi de terribles pressions. Des campagnes diffamations ont été lancées contre lui dans les réseaux sociaux, puis dans les médias. Des personnalités politiques l’accusaient ouvertement d’être corrompu, complice des narcotrafiquants. Incriminé dans une affaire de corruption en 2021, il avait finalement été relâché grâce à l’aide apportée par le Centre des Droits Humains Fray Bartolomé de Las Casas. Le prêtre recevait des menaces de morts de plus en plus sérieuses et précises et son véhicule avait été saboté à plusieurs reprises.

Aucun avertissement n’est venu à bout de sa détermination à défendre ses paroissiens. En septembre 2021, il menait une grande marche au cours de laquelle il dénonçait le pourrissement de la société gangrenée par les narcotrafiquants. Naturellement, c’est vers eux que se portent les soupçons. Deux jours après l’assassinat, les autorités arrêtaient un homme lié aux narcos, présenté comme celui qui aurait pressé la détente. L’avocate du CSW, Anna Lee Stangl, avertit pourtant : « Bien qu’une arrestation ait été réalisée, il faudra une investigation fouillée avant de définir qui porte la responsabilité de la mort du père Pérez – y compris à la tête des groupes criminels. »

L’un de ces amis, le père jésuite Luis Arriaga Valenzuela, déplore la disparition d’une voix qu’il qualifie de « prophétique ». Il décrit un prêtre dévoué à sa mission, toujours sur les routes : « Je connaissais personnellement Marcelo. Je me souviens encore de lui marchant sans relâche à travers les communautés du Chiapas ». Quant au cardinal Felipe Arizmendi, ancien évêque de Tapachula, puis de San Cristobàl de las Casas, qui l’avait ordonné, il rend hommage à un homme « dévoué à apporter la justice et la paix aux populations indigènes (…) Concentré sur sa vocation, priant, il passait beaucoup de temps devant le tabernacle. »

Des centaines de manifestants ont assisté aux obsèques de Padre Marcelo, chantant « Justice ! Justice », puis « Longue vie au prêtre des pauvres ! »

(Sources : Christian Today 6/11/2024 ; Acat France 1/10/2024)

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