Les catholiques américains ont majoritairement voté pour Donald Trump
C’est l’une des surprises de l’élection du 47e président des États-Unis : la progression du vote des catholiques en faveur du candidat républicain par rapport au scrutin de 2020 où 52 % avaient choisi le démocrate (catholique) Joe Biden. « Les 54 millions d'électeurs catholiques, qui représentent près d'un quart de l'électorat américain, ont majoritairement choisi le candidat républicain lors des dernières élections présidentielles. Donald Trump a remporté 58 % des voix catholiques. Ce score dépasse de 8 à 10 points celui des dernières élections », constate Le Pèlerin (8 novembre). Et les catholiques pratiquants réguliers sont en pointe : « Plus les catholiques vont à la messe, plus ils votent Trump », souligne Marie Gayte-Lebrun, maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Toulon, dans Famille Chrétienne (13 novembre).
Interrogé par La Croix (6 novembre), Massimo Faggioli, professeur de théologie historique à l’université de Villanova (États-Unis), voit dans le vote des catholiques plus qu’une évolution, « une rupture générationnelle ». « Il y a de moins en moins de catholiques aux États-Unis qui ressemblent à Joe Biden et à Nancy Pelosi [l’ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants] », explique-t-il, autrement dit de catholiques progressistes (favorables, par exemple, à l’avortement ou au « wokisme » ou tout au moins à la « diversité »). Rappelons qu’au sujet de la législation permettant l’avortement, les évêques des États-Unis se sont vigoureusement opposés à Joe Biden. Reste à voir, ajoute le professeur Faggioli, comment l’épiscopat réagira vis-à-vis de la politique de Trump sur l’immigration.
Des mesures musclées pour la juguler sont en particulier défendues par le colistier de Donald Trump et futur nouveau vice-président, le sénateur républicain James David Vance. Or celui-ci s’est converti au catholicisme, comme l’ont fait d’autres membres de la nouvelle garde conservatrice américaine. Parmi eux, selon un reportage de La Croix (23/10/2024), des « doctorants et professeurs d’université, hommes et femmes politiques, salariés du Congrès américain ou de think tanks... » et notamment des juristes et des philosophes. Un doctorant en philosophie politique venu étudier à Notre-Dame, la plus grande Université catholique des États-Unis, explique l’itinéraire intellectuel et spirituel qui l’a conduit, comme plusieurs autres, à embrasser la foi catholique : « Aux États-Unis, on baigne dans une culture fondée sur le libéralisme et la pensée moderne », développe-t-il. « Pour beaucoup, la découverte de ces auteurs [Aristote, saint Augustin, saint Thomas d’Aquin] et de la pensée prélibérale est un séisme intellectuel puisque ces lectures bouleversent toute la base de leur pensée politique et morale. » Ces conservateurs estiment que le déclin des Églises protestantes vient de ses flottements doctrinaux « tandis que l’Église catholique a un enseignement, une structure et une hiérarchie qui nous donnent un ordre moral, une autorité. Et elle a 2 000 ans ! » Ces laïcs conservateurs ne se sentent pas isolés : « En 2023, une étude de l’Université catholique d’Amérique à Washington estime que 80 % des prêtres ordonnés depuis 2020 se disent conservateurs. »
(Sources : Le Pèlerin 8/11/2024 ; Famille Chrétienne 13/11/2024 ; La Croix 23/10/2024, 6/11/ 2024, 7/11/2024)
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