Au Nigéria, « l’armée prend le parti des djihadistes »
Le dimanche 18 août, à Umunze, dans l’État d’Anambra, les forces de sécurité nigérianes sont intervenues dans trois églises et les ont évacuées supposément pour traquer des terroristes. Mais elles se sont livrées à des actes d’intimidation et ont perturbé les offices. Plusieurs responsables chrétiens dénoncent les ambiguïtés de ces interventions destinées théoriquement à les protéger, mais dont les acteurs se montrent violents et irrespectueux à l’encontre des fidèles et de leur religion. Ainsi les paroissiens de ces trois églises ont été poussé dehors sans ménagement.
Selon la version des autorités, ces actions avaient pour objectif d’établir un cordon de sécurité dans le cadre d’opérations antiterroristes. Le directeur des relations publiques de l’armée, le général Onyema Nwachukwu, assure : « Les troupes ont évacué les personnes qui étaient considérées comme vulnérables en cas de fusillade. » Selon lui, les soldats impliqués dans l’opération traquaient des terroristes qui avaient tué deux soldats et qui se cachaient dans la localité. L’armée aurait imposé l’évacuation des églises par pure nécessité et n’aurait à aucun moment fait un usage disproportionné de la force.
Du côté des responsables religieux locaux, la vision des évènements est diamétralement opposée. Emeka Umeagbalassi, directeur de l’Intersociety (association pour la défense de la liberté religieuse) répond que 90 % du récit de l’armée est mensonger. Certes, des terroristes avaient effectivement tué deux militaires le jeudi précédent l’opération, mais il voit mal comment cela justifie de perturber les offices dans trois églises le dimanche suivant. Il lui paraît en particulier absurde d’envisager que des terroristes islamistes aient trouvé refuge dans des paroisses.
Plus profondément, il voit dans l’attitude irrespectueuse des militaires, essentiellement musulmans, un symptôme du mépris qu’ils éprouvent à l’égard des chrétiens. Comme d’autres responsables religieux nigérian, il craint qu’il existe des complicités entre ces représentants des forces de l’ordre et les hommes armés – terroristes djihadistes et/ou simple malfaiteurs – qui sèment la terreur et le chaos dans le pays.
« Les cas d’enlèvements sont vraiment très fréquents. Ils adviennent pratiquement chaque jour. Pourtant, il y a des barrages de l’armée partout. On en vient à fortement soupçonner les ravisseurs de graisser la patte des militaires », s’inquiète Emeka Umeagbalassi. Il ajoute qu’au lieu de combattre les djihadistes certains soldats prennent leur parti.
La semaine précédent cet évènement, 70 chrétiens ont été tués et 20 étudiants en médecine enlevés, au cours de diverses attaques terroristes au Nigeria.
(Sources : Crux 24/8/2024)
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