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Au Manipur, reloger les familles et apaiser les cœurs !

Données cartographiques, ©2024 Google.

Après plus d’un an de violences interethniques au Manipur (Inde), la région compte plus de 60 000 déplacés internes, jetés sur les routes dans un dénuement extrême. L’archidiocèse d’Imphal, à la frontière avec la Birmanie, participe au relogement des familles qui ont tout perdu.

Depuis un camp de déplacés bâti en pleine jungle, le père Velickakam témoigne : « Notre projet voit le jour grâce à un travail conjoint d’individus, de diocèses et de congrégations. » À travers tout le pays, l’Église se mobilise pour obtenir des dons, même modestes, afin de parer aux urgences. La Conférence des prêtres diocésains d’Inde (CDPI) a lancé en particulier l’opération « Au minimum 500 roupies », qui invite chaque prêtre à donner cette somme, qui correspond à 5,50€. L’argent récolté permet de participer à des projets de reconstruction comme celui du père Velickakam. Pour 5 400 000 roupies, soit un peu moins de 60 000€, il bâtit une maison capable de loger une famille de réfugiés. Il prévoit que 600 maisons seront construites d’ici le mois de février 2025. Elles offriront un confort minimum, des chaises, une table et au moins un couchage.

Mais le prêtre assure qu’outre la reconstruction des foyers, les déplacés ont besoin d’une assistance spirituelle. Pour soutenir ceux qui ont été blessés ou humiliés durant les conflits interethniques. « Ces gens sont des travailleurs, ils ne demandent qu’à vivre dignement et en paix », explique-t-il, encore faut-il leur en donner la possibilité.

Dans leur région natale du Manipur, la communauté Meitei, hindoue et majoritaire, s’en prend aux ethnies minoritaires – largement chrétiennes – Kuki et Naga. Dans les deux camps, des milices se forment, ce qui fait craindre l’explosion d’une guerre civile.

Dans ces circonstances, les réponses de l’État indien ont été ambigües. Une force d’interposition a été envoyée sur place et le Premier ministre a – tardivement – dénoncé les violences qui frappent les Kukis. Quant au ministre en chef du Manipur, Biren Singh, il fait preuve d’une partialité inquiétante. Lui-même d’ethnie Meitei, il insinue que les Kukis sont des étrangers. Ils importeraient des populations venant de Birmanie pour augmenter artificiellement leur nombre et s’adonneraient au trafic de drogues. Ses positions extrêmes n’ont pas été condamnées par New Dehli et son État n’a pas été mis sous tutelle. Le fait qu’il soit dominé par le BJP, le parti de l’actuel Premier ministre Narendra Modi, explique probablement la faiblesse des réactions de l’État indien face à la crise du Manipur.

(Sources : Asianews 10/7/2024 ; Radio Canada 30/7/2023)

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